[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Il va falloir s’y habituer, mais le Standard de Liège s’est mis à l’heure japonaise. Le club principautaire vient de faire signer deux joueurs nippons. Pour aller plus loin que les préjugés, la rédaction de footpresse a rencontré un fan de football japonais. Il nous présente ainsi les deux recrues, et essaye, avec nous, de décrypter la logique de cette politique de transferts.
Qui sont Nagaï et Ono ?
Stephen B. débute par nous présenter le premier des deux à avoir signé, Kensuke Nagaï, cet avant-centre de 23 ans. « Sa principale qualité est sa vitesse, il est un de ces rares joueurs qui peut courir le 100 mètres en moins de 11 secondes. Son autre qualité est son endurance, ce qui lui permet de harceler les défenseurs de la première minute à la dernière et d'effectuer un boulot défensif important. Il peut éventuellement jouer sur le flanc droit pour profiter de sa vitesse mais ce n'est pas là qu'il sera le plus décisif ». Toutefois, le joueur a dû repartir au Japon pour régler des problèmes administratifs et ne sera apte au service qu’à la fin janvier. Il est également très intéressant de noter qu’il avait déjà été proposé l’été passé au club liégeois. À l’époque le joueur était libre de contrat et pouvait donc signer en bord de Meuse gratuitement. Mais la direction liégeoise n’avait pas donné suite. En attendant, malgré un intérêt du club allemand de Dusseldorf, il avait resigné un nouveau contrat dans son club de Nagoya avec une clause en cas d’offre émanant d’un club étranger. C’est ce qui s’est passé avec le Standard. Même si on peut se demander pourquoi débourser 800.000 € pour un joueur que la même direction avait refusé, gratuitement, six mois plus tôt…
Avant de nous présenter Yuji Ono, notre amateur de football nippon tient à rétablir la vérité, non Ono n’est pas le joueur le plus jeune à avoir évolué en J-League. « Cet honneur revient à Takayuki Morimoto qui a joué à Catane entre autres », précise Stephen B. En effet, celui qui évolue aujourd’hui en Italie a foulé pour la première fois les pelouses de la J-League à 15 ans, 10 mois et 6 jours. Soit de manière bien plus précoce que la nouvelle recrue liégeoise. « Yuji Ono, c'est un milieu offensif de 20 ans formé au Yokohama F. Marinos. Il a les qualités qu'on attend d'un joueur offensif moderne : technique, vista, accélération, qualité de centre et de finition. Il peut tout aussi bien jouer en 10 que sur les deux flancs. C'est un gros espoir du foot nippon », poursuit notre analyste d’un jour.
Quel statut ont ces joueurs au Japon ?
Contrairement à Kawashima, débarqué à Sclessin mais déjà même au Lierse avec un statut de star nationale, Nagaï et Ono ne font pas partie de la sélection nationale japonaise et par conséquent ne font pas figure d’icônes au pays du Soleil levant. Malgré tout, Stephen B. se veut positif et insiste sur le fait qu’il s’agit de véritables espoirs. « Ils ont un capital sympathie certain, d'autant plus que Nagaï avait réalisé de très bons JO avant de se blesser face à l'Egypte. Ce sont deux espoirs dont on espère voir la réussite en Europe et y faire une belle carrière, afin d'apporter leur contribution à l'équipe nationale ». D’ailleurs, notre analyste va même plus loin. Pour lui, il n’y a pas de doutes, les deux Japonais s’imposeront à Sclessin ! « Je n'ai pas vraiment de doutes quant à leur réussite en Belgique, tous deux ont le niveau. Le seul problème sera de voir l'utilisation des deux joueurs dans le système de Rednic, Nagaï n'étant pas un pivot, lui attribuer ce rôle gâcherait ses qualités ».
Des achats uniquement tournés vers le business ?
On lit et on entend beaucoup de choses. Énormément de spécialistes analysent ces arrivées à l’aune des opportunités commerciales que pourraient offrir cette nouvelle filière. En premier lieu pour le Standard, on parle d’ailleurs de bientôt ouvrir une section japonaise du site internet officiel. Mais aussi dans le chef de Roland Duchâtelet, le président du Standard, qui possède des affaires florissantes au Japon. Comme quoi, il ne serait peut-être pas tant à l’Ouest que ça… Notre amateur de football japonais sort de ses gonds face à ces affirmations. « J'ai toujours du mal à comprendre pourquoi on ne voit les transferts de joueurs japonais que comme des coups marketing. Les clubs belges n'ont quasiment pas d'impact sur les amateurs de foot japonais. Je ne vois pas comment on peut argumenter que c'est uniquement pour vendre des maillots, on n’a pas en Belgique l'aura d'un Manchester United ou d'un Dortmund ». Il poursuit son raisonnement. « Les derniers résultats de l'équipe nationale sont pourtant là, les joueurs s'exportent très bien et ont un bon niveau. On accepte plus facilement le transfert d'un Africain, d'un Brésilien ou d'un aArgentin venant de D2 que d'un Nippon confirmé, malgré le fait que le Japonais peut s'adapter bien plus facilement à la vie de son pays d'accueil et ne souffrira pas du climat, sa seule adaptation demandée sera au niveau du jeu proposé dans le pays. Pour moi, le foot asiatique dans son ensemble commence à dépasser le foot africain mais comme je le disais au-dessus, les idées reçues ont souvent la vie dure par chez nous ».
D’ailleurs les réussites japonaises en Europe sont de plus en plus nombreuses : Kagawa, Honda, Uchida, Hasebe, Usami,… Souvent les indemnités de transfert relativement basses interpellent la plupart des spécialistes. Stephen B. nous livre un élément de réponse. « Les clubs japonais préfèrent faire des contrats relativement "courts" et ne demandent pas d'indemnité de transfert exorbitante afin de ne pas "surpayer" des joueurs qui arriveraient en fin de carrière ou blessés sur le long terme »
Et donc ?
Aujourd’hui, il est encore bien trop tôt pour écrire si l’activation de cette filière est principalement tournée ou non vers des opportunités commerciales. Néanmoins, les deux joueurs nippons qui débarquent à Sclessin constituent de vrais espoirs d’un pays qui exporte de plus en plus de footballeurs en Europe. Il n’est donc pas sot de la part de la direction du Standard de vouloir profiter de ces opportunités. Qu’elles soient sportives et/ou commerciales.
Malgré tout, mais là c’est un tout autre débat sur lequel on reviendra plus tard, ces arrivées ne devraient pas remplir de bonheur Mircea Rednic, le coach liégeois. Espérons quand même qu’il donnera la chance aux deux nouvelles recrues de montrer ce qu’elles ont dans le ventre.
source:footpresse.be
Mer 30 Jan - 15:26