La mafia asiatique des jeux a corrompu 11 personnes de nationalité belge
BRUXELLES Europol est un office de police intergouvernemental qui facilite l’échange de renseignements entre polices nationales au sein de l’Union européenne, notamment en matière de criminalité internationale.
Depuis dix-huit mois, cette organisation mène une enquête sur la corruption dans le football international.
Hier, elle a tenu une conférence de presse à La Haye où elle a rendu publics ses résultats provisoires. “Nous avons des preuves que 380 matchs ont été faussés en Europe au cours de la période 2008-2011”, a affirmé le directeur d’Europol Rob Wainwright. “À côté de cela, les mêmes criminels ont arrangé environ 300 duels dans d’autres parties du monde.”
Parmi les 380 matches achetés, il y en a deux qui étaient disputés pour le compte de la Champions League. L’un d’eux concernerait un club anglais.
Europol a également découvert les preuves de corruption dans des matchs de qualification pour le Championnat d’Europe des Nations ainsi que pour la Coupe du Monde.
C’est le football turc qui décroche la palme de la corruption. Europol a découvert pas moins de 79 matchs truqués au cours de la période 2008-2011
En Allemagne, ce nombre serait de 70. La Belgique obtiendrait pour sa part la cinquième place avec dix-neuf matchs falsifiés, après la Suisse (40) et la Hongrie (20).
Europol ne voulait pas préciser de quelles rencontres il s’agissait. Même si les hypothèses sont fortes qu’il s’agit de matchs de deuxième division.
Selon Europol toujours, pas moins de 425 arbitres, dirigeants de clubs et de criminels de quinze pays seraient concernés.
Sur cette liste figurent pas moins de onze personnes avec la nationalité belge.
Qui précisément ? Là non plus, les enquêteurs ne voudront pas en dire davantage.
Aussi impressionnant que soit le chiffre de matchs faussés, Europol n’enregistre cependant qu’un succès limité en ce qui concerne l’argent.
Selon les enquêteurs, les organisateurs de ce trafic n’ont obtenu au total que 8 millions d’euros. Deux millions ont payé les joueurs, les arbitres et les dirigeants des clubs qui étaient corrompus.
Le montant maximum qui a été payé est de 140.000 euros.
Tout porte à croire cependant que ces sommes ne sont que la partie visible de l’iceberg.
Europol n’a pas voulu citer de noms hier lors de sa conférence de presse. Rob Wainwright parle du syndicat des jeux asiatique qui a mis en place le circuit complet.
Les spécialistes pointent cependant la piste de Tan Seet Eng, un homme d’affaires de Singapour qui se fait aussi appeler Dan Tan. Il serait le centre de cette mafia du jeu.
La justice italienne annonçait l’an dernier qu’un mandat d’arrêt était délivré contre lui pour corruption dans le Calcio mais jusqu’à présent, l’homme est toujours en liberté.
Le journaliste canadien Declan Hill s’est infiltré voici quelques années dans le circuit et il a eu l’occasion d’approcher Dan Tan. À la question de savoir pourquoi cet homme n’a pas encore été arrêté, il répond : “Quelqu’un de très important le protège.”
Hier, du côté de l’Union belge, le porte-parole Stefan Van Loock et le directeur Ludwig Sneyers n’étaient pas disponibles pour commentaire une fois que l’on apprenait que des matchs du championnat belge étaient suspectés de fraude.
source:dhnet